Un livre des plus surprenant, pour dire le moins, démontrant à quel point l’inquiétude était grande, au sein du renseignement militaire des États-Unis (d’origine WASP), au cours de la seconde moitié du 20e siècle, face à l’immigration et la montée en puissance de la juiverie (surtout d’origine russe) aux États-Unis et dans le monde.
D’un autre point de vue, ce livre révèle le rôle central du renseignement militaire des États-Unis dans la fabrication et la propagation du grand récit du complot juif international, de même que son instrumentalisation dans un contexte de guerre psychologique, appelant à défendre l’Occident chrétien face au communisme et au socialisme sous toutes ses formes, désignant les juifs et les non-Occidentaux comme responsables, mais non sans arrière-pensée: pour mieux dissimuler et protéger l’agenda d’hégémonie militaire et économique des États-Unis sur le reste du monde. L’histoire secrète montre en fait que les mouvements internationaux et les partis nationaux liés au socialisme, au communisme, au fascisme, au sionisme, de même que les théories du complot qui leur sont directement opposées, sont tous des émanations du même centre caché, celui de la dictature militaire secrète liée principalement au monde anglo-américain et à l’Otan. Ce centre maîtrise la dialectique comme moyen de contrôle social (ex: gauche vs droite, internationalisme et société ouverte vs nationalisme et conservatisme). Une entité politique ou culturelle échappant à ce moyen de contrôle social ne peut durer dans le temps sans finir par être un jour ou l’autre noyauté et neutralisé, ce n’est toujours qu’une question de temps. La signature militaire est facilement reconnaissable dans chacune de ces mouvances et partis politiques; l’Armée en effet affiche toujours fièrement sa présence aux initiés en recourant systématiquement aux mêmes symboles très simples et facilement identifiables, tels que l’étoile à cinq pointes, la « vérité » (Truthers, Project Veritas), etc. Il n’est pas bien difficile de concevoir le fait que les mouvements les plus extrémistes sont souvent les plus apparentés aux milices et à une vision militaire de la rébellion, et donc par conséquent que les mouvements dissidents radicaux (communistes, fascistes, extrême-droite, etc.) sont des oppositions contrôlées directement par l’Armée, en particulier les mouvements les plus miliciens qui relevant probablement de quelque instance militaire secrète reliée à l’Otan et à la CIA, et spécialisée dans les opérations de guerre psychologique.
En tout cas, nul besoin de prendre ce livre au second degré pour l’apprécier pleinement.
Il faut cependant veiller à corriger quelques coquilles et erreurs de conversion du fichier ebook, notamment au niveau des notes de fin de texte.
Bendersky, Joseph William – The Jewish Threat: Anti-Semitic Politics of the U.S. Army
PRAISE FOR THE JEWISH THREAT
The ‘Jewish Threat’ gives us a shocking picture of the anti-Semitism that permeated the highest ranks of the U.S. military throughout much of the past century, having a very real effect on policy decisions. Through ten years of research in more than 35 archives, Joseph Bendersky has uncovered clear, compelling and irrefutable evidence of an endemic and virulent anti-Semitism throughout the army officer corps, from the turn of the century right up to the decades after World War II. His sources reveal that many officers were convinced of the physical, intellectual, and moral inferiority of Jews, and fears that Jews threatened their Anglo-Saxon/Nordic culture, gene pool, government and national interests. Their fully-developed and clearly articulated perspectives had a direct effect on policy discussions and decisions, affecting such matters as immigration, Holocaust refugees, military strategy, and the establishment of Israel.
La Pravda américaine. Les secrets du renseignement militaire, par Ron Unz
American Pravda: Secrets of Military Intelligence, by Ron Unz
Autre exemple ou contre-exemple, si on veut. Tant l’armée elle-même est au fond une organisation qui socialise tout, une organisation communiste au sens le plus strict du terme, autant les États dont le gouvernement est à tendance socialiste sont dits « militarisés », autrement dit alliés intimement aux militaires. Ce qui les expose dès lors à l’accusation de « militarisme » et de « militarisation ». Comme on trouve de l’antijudaïsme raciste dans l’Armée des USA et quantité d’autres armées occidentales au début du 20e siècle, on retrouve encore de nos jours des tendances similaires dans les armées des pays à tendance socialiste (ex: Chavez au Vénézuela). C’est ainsi que des théories du complot juif mondialiste, dont certaines très virulentes ont reçu l’approbation du gouvernement soviétique (KGB) dans la foulée du stalinisme et dans les années qui suivirent. Ces faits sont documentés, même s’ils ont été trop souvent, malheureusement, par des militants de droite libérale philosémite, comme l’auteur du texte que voici:
L’antisionisme soviétique et l’antisémitisme de gauche aujourd’hui
Soviet Anti-Zionism and Contemporary Left Antisemitism
Cela semble corroborer l’idée qu’à droite comme à gauche, la théorie du complot juif (bolchévique ou mondialiste) serait une émanation du même système (la dictature militaire secrète) qu’elle prétend combattre. Une propagande visant à brouiller les pistes et défendre ses propres intérêts en faisant dévier le blâme sur un groupe particulier (ex: les « sionistes » si on est pro-soviétique, les « communistes » si on est pro-américain), groupe qui tente certes de se maintenir au sommet du pouvoir mais qui, n’étant pas d’une importance centrale, peut très bien être abandonné et livré à la vindicte populaire.
Sur ce blog:
Des réseaux Phoenix de la C.I.A. (Doug Valentine) à la « société du spectacle » (Guy Debord)
La guerre psychologique permanente sur tous les fronts comme nouvel état des choses